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Le rétrécissement de l’urètre, où sténose urétrale, chez la femme est une pathologie rare et méconnue. Le Dr Jean-Étienne Terrier, urologue spécialisé dans la chirurgie de reconstruction des organes génitaux externes à l’Hôpital privé Jean Mermoz (Ramsay Santé) situé à Lyon (Rhône), expose toute la spécificité et les bienfaits d’une chirurgie avec greffe de muqueuse prélevée dans la bouche chez une patiente atteinte de cette pathologie.

La sténose urétrale (rétrécissement de l’urètre) se forme en général pour des raisons traumatiques, infectieuses ou à la suite de traitements ou d’une chirurgie. Mais alors que cette pathologie est plus largement retrouvée chez l’homme du fait de son canal urétral plus long, elle est plus rarement prise en charge chez la femme, dont le canal est plus court. « Les patientes viennent nous voir parce qu’elles ont du mal à uriner ou font des infections urinaires à répétition. Ce qui fait sa rareté chez la femme, c’est que les sténoses sont plus courtes, et se traitent généralement passivement, explique le Dr Terrier. La patiente subit un ou plusieurs traitements par voie naturelle par la pratique d’une dilatation ou d’une ouverture de l’urètre pour libérer la voie. Mais ces traitements à répétition peuvent rendre le canal, déjà abîmé, encore plus étroit et impraticable. Dans ce cas, la chirurgie est capitale pour soulager la patiente dans le temps et lui rendre tout son confort de vie. »

Reconstruire un urètre féminin abîmé, un défi de taille

L’urétroplastie est une chirurgie dont le but est d’inciser le canal de l'urètre au niveau du rétrécissement puis de le réparer en l'élargissant. La chirurgie de la sténose associée à une greffe de muqueuse buccale vient en deuxième intention. « Nous utilisons la greffe de muqueuse buccale car elle a des propriétés tout à fait adaptées pour ce type de chirurgie. Contrairement à la peau, c’est une muqueuse qui n’a pas de système pileux, qui est plus élastique, qui a une meilleure résistance à l’urine et qui se situe dans une zone qui cicatrise très bien et qui engendre très peu de complications. Elle est aussi plus simplement accessible lors de l’opération quand la patiente est endormie », précise l’urologue de l’Hôpital privé Jean Mermoz.

L’opération dure en moyenne entre deux et trois heures et consiste en trois grandes phases. La première est la mise à plat ou l’ouverture de la sténose pour libérer l’urètre. La seconde concerne le prélèvement de la muqueuse, le greffon, dans la joue de la patiente. Enfin, la troisième phase est la greffe. La muqueuse prélevée est alors fixée sur l’urètre, et un système de drainage est mis en place pour surveiller la greffe et la fonction urinaire. Comme pour toute chirurgie, les risques de récidive existent. Selon le Dr Terrier, « pour l’urétroplastie avec une greffe de muqueuse buccale, la récidive se produit entre 15 % et 20 % des cas, soit de manière très précoce (une greffe qui ne prend pas bien), soit plus tardivement (une muqueuse qui se rétracte avec le temps). Alors qu’avec un traitement par voie naturelle le risque de récidive est de 100 % à plus ou moins long terme, cette opération semble donc primordiale pour le bien-être de la patiente. »

Des bénéfices certains sur la santé et le bien-être des patientes

Après une hospitalisation courte d’une ou deux nuits à l’Hôpital, la patiente repart à domicile avec une sonde urinaire qu’elle conserve pendant huit jours et un cathéter sus-pubien pendant quinze jours. Elle sera suivie quelques mois pour surveiller la greffe, le risque infectieux et le bon fonctionnement du système urinaire et rénal. La sténose urétrale est donc rare, mais avec une urétroplastie avec greffe de muqueuse buccale, la patiente est rapidement soulagée, elle ne souffre plus et retrouve un confort et une qualité de vie sans égal.