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Les troubles du sommeil augmentent

le 18/05/2017

Une bonne nuit de sommeil permet de passer une meilleure journée. L’adage est bien connu et la réalité tout autre : les Français ont perdu deux heures de sommeil par nuit depuis un siècle et une personne sur trois déclare souffrir de troubles du sommeil, notamment des insomnies. Mais moins d’un tiers a consulté un médecin*. « Nous ne dormons pas assez et nous sommes tous en dette de sommeil de trente minutes à une heure chaque jour… Notre société nous l’impose avec des repas et des couchés tardifs, des temps de trajet domicile-travail qui s’allongent », explique Thibaut Gentina, pneumologue et responsable du Centre du sommeil à l’Hôpital privé La Louvière à Lille. Avec l’hyperactivité et son culte de la performance en modèle, les codes de la vie moderne semblent avoir désigné leur victime : le sommeil, considéré comme une perte de temps. À 60 ans, on devrait pourtant avoir passé 20 ans à dormir et cinq ans à rêver !

Un enjeu de santé publique

Mais qu’appelle-t-on troubles du sommeil ? Les insomnies, les troubles liés à la respiration tels que les syndromes d’apnées, d’hypoventilation, les hypersomnies, les parasomnies (éveil confusionnel, somnambulisme, terreurs nocturnes…), les mouvements en relation avec le sommeil comme le syndrome des jambes lourdes… Ces troubles sont parfois liés. Une insomnie peut par exemple être provoquée par des apnées du sommeil. « Lorsque les patients viennent consulter, c’est souvent pour somnolence et fatigue avec des répercussions en journée sur l’attention, la concentration, la mémoire, une irritabilité… », indique le pneumologue. Le manque de sommeil installé sur une longue période présente d’importants risques pour la santé : complications cardio-vasculaires, diabète, troubles articulaires, dépressifs, digestifs, douleurs abdominales. « La dette de sommeil et les troubles du sommeil sont un fléau contre lequel il faut lutter », insiste le professeur Gentina.

Prendre son sommeil en main

Des signaux peuvent inciter à consulter pour rechercher l’origine d’une fatigue persistante : « Une personne qui ne récupère pas après des vacances, par exemple », note-t-il encore. En consultation, lorsqu’une dette de sommeil est détectée, les messages d’éducation sont donnés : dormir plus, fumer moins, réduire la consommation d’alcool, prendre en charge une obésité… Et quand le médecin veut approfondir l’analyse des troubles du sommeil d’un patient, il lui prescrit un bilan sommeil. Le Centre du sommeil lillois réalise ainsi 22 000 bilans annuels. Résultat : l’apnée du sommeil représente la pathologie la plus fréquemment détectée. « En France, ce trouble est sous-diagnostiqué », précise le docteur Gentina qui poursuit : « Nous avons un devoir d’information de la population sur l’urgence à retrouver un sommeil récupérateur ». Jusqu’à ne plus connaître d’insomnies ? Il existe encore des populations qui ne sont pas ou peu sujettes à ces troubles. Une étude** menée par des chercheurs américains sur trois tribus de Tanzanie, de Namibie et de Bolivie restées en marge du progrès le met en évidence. Aucune des trois communautés ne possède de mot pour désigner l’insomnie et seulement 1,5 à 2,5 % des sondés indiquent avoir ce problème après s’être fait expliqué le sens de ce mot. Loin, très loin des résultats d’enquêtes menées en France.

 

* Étude InvS « Les troubles du sommeil » – mars 2012.

** Équipe du psychiatre et chercheur Jerome Siegel – Université de Californie à Los Angeles UCLA.