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Le sourire retrouvé - Hôpital privé Saint-Martin de Caen

le 21/07/2017

Viphada, l’histoire d’un sourire retrouvé

Atteinte du syndrome de Moebius entraînant une paralysie faciale totale du visage, Viphada, une enfant de 8 ans venue du Laos avec sa famille, s’est fait opérer avec succès le 6 juin 2017 par le Dr Labbé.

Seul praticien de cette spécialité a opéré dans la région, le Dr Daniel Labbé a développé voici plus de 20 ans une technique chirurgicale permettant de redonner le sourire aux personnes atteintes d’une paralysie faciale a frigore (ou paralysie de Bell), une pathologie assez rare très souvent d’origine virale (90 % des cas) caractérisée par l’immobilisation des muscles affectant souvent un côté du visage. Fondée sur la plasticité du cerveau, cette technique consiste à aller prendre au niveau de la tempe un muscle normalement dédié à la mastication pour le transférer sur la lèvre. Comprenant cette nouvelle affectation, le cerveau actionne le muscle, rendant ainsi possible l’apparition du sourire. « C’est ma longue pratique de chirurgie faciale sur des patients venus de France et d’ailleurs qui m’a donné l’idée de créer un centre de prise en charge pluridisciplinaire associant différentes compétences. À raison d’une vingtaine par mois, nous accompagnons les patients souvent démunis en leur proposant, en urgence ou non, les traitements (injection de toxines botuliques, chirurgie), le suivi et la rééducation orthophonique les plus adaptés », résume le Dr Labbé.

Des résultats assez éblouissants

Forme sévère de la paralysie faciale, le syndrome de Moebius (du nom du premier médecin ayant décrit cette affectation à la fin du XIXe siècle) est une maladie congénitale non progressive très rare, qui se caractérise principalement par une paralysie faciale congénitale unie ou bilatérale associée à l’absence de mouvements latéraux des yeux. Cela entraîne parfois un risque de désocialisation, notamment pour les enfants qui éprouvent de grandes difficultés d’élocution et sont souvent mis de côté par leurs petits camarades. « Dans notre société de communication, c’est toujours très douloureux de ne rien pouvoir exprimer par son visage et de faire l’objet de moqueries », souligne le Dr Labbé qui obtient grâce à la chirurgie des résultats assez éblouissants. À l’exemple de Théo Fontaine, un jeune homme (cf. encadré témoignage) qui vient de se présenter aux récentes élections législatives et dont les affiches électorales témoignent avec éclat de ce sourire enfin trouvé.

Un éventail de solutions

Pour l’heure, c’est au tour de Viphada, venue avec sa famille de Vientiane (la capitale du Laos), de pouvoir goûter elle aussi aux bienfaits de ce radical changement de vie permis par cette opération chirurgicale de quatre heures qui nécessite trois jours d’hospitalisation. Pour cette grande occasion préparée avec soin depuis plus d’un an, elle est accompagnée par sa grand-mère qui vit dans le sud de la France et par sa mère venue avec elle du Laos. « Comme tant d’autres, cet exemple prouve qu’il y a toujours quelque chose à faire dans la paralysie faciale. Avec notre équipe pluridisciplinaire, nous disposons aujourd’hui d’un éventail de solutions pour prendre en charge les différentes formes de cette pathologie et améliorer les conditions de vie des personnes qui en sont atteintes », conclut Daniel Labbé.

Ce dessin montre l’allongement du muscle temporal pour réanimer le sourire. La technique mise au point par le Dr Labbé consiste à aller prendre au niveau de la tempe un muscle normalement dédié à la mastication pour le transférer sur la lèvre.

Témoignage : Théo Fontaine

« Avec mon sourire, j'ai retrouvé ma joie de vivre. »

« J’ai 22 ans et je suis étudiant en droit fiscal. J’ai entendu parler la première fois de ce type d’intervention en 2012 par l’association Moebius qui vient de fêter en mai 2017 ses 20 ans d’existence. Après avoir recueilli des témoignages de personnes déjà opérées, je me suis mis en contact avec le Dr Labbé à Caen. Après une première visite, j’ai rapidement pris ma décision. Cela me paraissait important à titre personnel bien sûr, mais aussi pour montrer aux autres malades qu’il existe des solutions. J’ai été opéré une première fois le 18 août 2014 du syndrome de Moebius puis une deuxième fois le 14 décembre 2016 pour corriger une anomalie mandibulaire. Le chirurgien en a profité pour me redresser la cloison nasale et obtenir ainsi une évidente amélioration esthétique. Avec l’importance du soutien familial, la réussite de ce type d’opération dépend aussi beaucoup de la qualité de rééducation orthophonique à laquelle il faut s’astreindre. Le Docteur Labbé m’a fait renaître. Avec cette opération, j'ai retrouvé ma joie de vivre. Je me suis d’ailleurs fait tatouer la date de mon opération sur le bras. Tous les jours, j’ai le sentiment de progresser et de récupérer de la mobilité faciale. Je viens de me présenter aux élections législatives à Metz, là où je réside. Une démarche qui montre à la société civile qu’il peut y avoir d’autres manières de regarder le handicap. »

« Oui il y a bien un avant et un après opération en termes d’image de soi. Tant dans le regard des autres que dans le regard intime porté sur soi-même. Se voir sourire redonne de l’espoir et de la confiance en soi. »