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Jeunes et écrans : que faire en cas d’addiction ?

le 30/10/2020

Pendant le premier confinement, enfants et adolescents ont eu tendance à passer plus de temps devant les écrans. Alors que le nouveau confinement a débuté, comment désintoxiquer les jeunes des écrans ?

Le Dr Maud Percq est pédopsychiatre à la Clinique de la Roseraie (Soissons, Hauts-de-France), établissement du groupe Ramsay Santé. Elle revient sur la bonne attitude à adopter en cas d’addiction des jeunes aux écrans.

Écrans : une addiction reconnue

D’après l’Autorité de régulation des communications (Arcep), 93 % des 12-17 ans sont équipés d’un téléphone portable. Quant aux 13-19 ans, ils passeraient en moyenne près de 15 heures par semaine sur Internet, sans parler du temps consacré à la télévision et aux consoles de jeux. "Il n’y a pas que les adolescents qui passent du temps sur les écrans, tempère le Dr Percq, les adultes peuvent aussi développer ce type d’addiction." L’addiction numérique constitue d’ailleurs aujourd’hui un réel enjeu de santé publique. "Il est très tentant de se perdre sur les écrans, qui permettent un accès au savoir et au divertissement immédiat. Le problème, c’est qu’on perd vite le décompte des heures passées et que cela malmène nos relations sociales." 

Des dégâts non négligeables

"Chez les adolescents, l’écran peut servir de lieu de fuite. C’est une manière de se couper de ce qui est vecteur d’angoisses : famille, amis, scolarité, etc. Cet isolement est à mettre sur le compte d'une parle court-circuitée, impossible, l'expression d'une souffrance toute intérieure. La communication entravée avec l'extérieur est une alerte sérieuse d'un état psychique et émotionnel en difficulté." 

Il ne faut donc pas imputer la faute aux seuls écrans. Car, d’après la pédopsychiatre, le recours dominant au virtuel n’est bien souvent que le reflet d’états psychiques et émotionnels plus profonds. "Par exemple, dans une famille où on communique peu, il n’est pas étonnant de voir des adolescents rivés aux écrans. Ce comportement doit être vécu comme un signal d’alarme."

Etre attentif aux signes 

Quand un adolescent s'enferme avec son écran, et que parallèlement, il présente de l'agressivité, de l'intolérance aux frustrations, une absence de communication, de la phobie sociale ou encore un refus d’aller en cours, il est nécessaire de s'inquiéter. Pour enrayer ce phénomène, insistons sur la restauration de temps conviviaux en famille, et sans écran : repas, activités, autant d’occasions de récréer un lien avec l’adolescent. Il faut également l’encourager à s’ouvrir auprès de quelqu’un de confiance. "Parler à quelqu’un qui dédramatise sans banaliser… Pour réinstaurer un dialogue et prendre conscience qu’il y a une vie – qui peut être aussi excitante que le monde virtuel – au-dehors !" 

Lorsque les écrans prennent trop de place… 

  • Restaurer des temps d’échanges et de discussions à la maison, sans aucun écran, en prenant les repas en famille et à table par exemple.
  • Réinstaurer une communication régulière avec l’adolescent afin qu’il se sente écouté, compris et valorisé.
  • Bannir les écrans le matin avant d’aller en cours ou le soir juste avant de dormir.
  • Si des temps sans écran sont respectés, que les devoirs scolaires et les coups de mains pour l'entretien de la maison sont réalisés, ne pas être dans le contrôle permanent dès que l’adolescent retourne sur son téléphone, devant l’ordinateur ou la télévision. Cela permet d’éviter des conflits et d’autonomiser le jeune.
  • Lorsqu’un adolescent paraît s’isoler et prendre les écrans pour refuge, l’inciter à retrouver des liens sociaux et à confier son mal-être à une personne de confiance, professionnel de santé ou non.