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Interruption de tâche : la distribution des médicaments sécurisée
le 30/07/2019
En complément d’une expérimentation de la Haute Autorité de Santé (HAS), la Clinique du Moulin a mené sa propre étude ergonomique afin d’effectuer un bilan complet de la distribution de médicaments, et d’identifier les sources de dysfonctionnements survenant en amont.
Dans le cadre de travaux menés par la HAS concernant la sécurisation de l’étape d’administration de médicaments, un guide a été publié en 2016. Pourquoi ? Car l'administration est une étape critique, en ce sens qu’elle est l’étape ultime avant le patient : son analyse détaillée permet donc de repérer les erreurs médicamenteuses produites en amont.
L'interruption de tâche (IT) se définit par l’arrêt inopiné, provisoire ou définitif d’une activité humaine. La raison est inhérente à l’opérateur, ou peut également provenir d’une origine externe. L’IT induit une rupture dans le déroulement de l’activité, une perturbation de la concentration de l’opérateur et une altération de la performance de l’acte. La réalisation éventuelle d’activités secondaires peut également contrarier la bonne marche de l’activité initiale. Bref, l’interruption de tâche constitue une situation à risque majeur pour le patient.
"Cette expérimentation est venue compléter une réflexion entamée au sein de notre établissement, une volonté de sécuriser notamment le circuit des médicaments, et ce, à toutes les étapes, explique Paul Postec, responsable qualité et attaché de direction de la Clinique du Moulin. Un diagnostic – bilan ergonomique – était déjà prévu au niveau des postes de soins plus largement, pour faire un état des lieux, faire évoluer les choses, revoir l'architecture des locaux et notre organisation afin d’améliorer les conditions de travail."
Ainsi, en s’inspirant des outils mis en place par la HAS, la Clinique du Moulin a réalisé plusieurs évaluations, sur plusieurs jours et sur chaque temps de distribution. "Un observateur avait pour mission de surveiller la distribution. Dès qu’une interruption de tâche survenait, l'observateur la notait, relevait la durée, le motif, la reprise de l’activité — l’infirmier/ière poursuit-il/elle sa tâche, ou le/la reprend-elle au début ? —, pour évaluer tous les impacts ainsi que la gestion de ces interruptions."
Une distribution qui rime avec optimisation
"Nous fonctionnions avec 2 postes de distribution de médicaments, explique Pierrette Le Dorant, responsable de l’unité de soins. Nous avons constaté que sur l’un d’entre eux, les interruptions de tâche étaient bien plus fréquentes. Pourquoi ? En partie car notre poste de distribution était un lieu de passage, et non dans une pièce à part. Nous avons donc entrepris une réorganisation des locaux, et avons créé une pièce dédiée à la distribution des médicaments. Aux dires des soignants qui distribuent les traitements, il y a désormais beaucoup moins de parasites lors de la distribution." L’étude a permis également d’identifier que certaines interruptions de tâche étaient générées par des appels téléphoniques en interne, et donc de rappeler aux professionnels certaines règles à respecter dans l’établissement.
L’étude a été complétée par une enquête auprès de l’ensemble de l’équipe infirmière, afin de recueillir les avis des intéressés quant au déroulement des évaluations. Une séance de débriefing a ensuite été organisée pour restituer les résultats et recueillir les suggestions des soignants, toujours dans le but de s’améliorer et de sécuriser l’administration des médicaments.